Tout comme les livres, le monde de l’édition a une histoire. Cette histoire, on ne la raconte pas dans les écoles et on ne la lit pas avant de s’endormir. Ne vous êtes-vous jamais demandé comment est née votre maison d’édition ? Qui est à l’origine de l’édition des livres ? qu’elle est l’histoire des maisons d’édition ?
Dans cet article, je vais vous partager un peu de culture autour de l’édition.
Contenu de l’article
1. L’imprimerie
Au XVe siècle Gutenberg invente l’imprimerie. C’est bien à partir de là que tout commence. Les premiers livres imprimés apparaissent sous une forme proche du manuscrit et en réponse à des commandes.
Au XVIe siècle, le livre religieux devient le principal concerné par l’édition. A cette époque les réformes protestante et catholique impactent fortement les commandes. Montaigne et Rabelais, quant à eux font naitre une demande dans le domaine littéraire.
Outre la censure exercée par l’Église on voit s’ajouter le pouvoir royal. Les instances chargées de lire les manuscrits et d’accorder l’autorisation demandée avant que les exemplaires imprimés ne soient apportés à la bibliothèque royale sont à l’époque installées à Versailles, l’édition devient vite « une profession essentiellement parisienne »
2. La naissance de l’édition
Le secteur de l’édition nait au début du XIXe. La loi de 1793 sur la reconnaissance de la propriété littéraire, accorde un régime juridique particulier aux auteurs. Cela leur permet ainsi de protéger leurs œuvres mais également de vivre de leur écriture.
L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert nous permet d’assister à l’émergence du métier d’éditeur, nous assistons même à l’apparition d’une figure moderne de l’édition. L’édition est alors à la recherche d’auteurs capables de plaire à un public de plus en plus large.
On passe alors d’une économie de la demande à une économie de l’offre. Les maisons d’édition n’attendent plus les commandes pour proposer des livres, maintenant, l’éditeur trouve lui-même des lecteurs pour ses parutions.
L’édition française continue d’évoluer dans le courant du XIXe. On observe que les différents acteurs de la commercialisation du livre se séparent petit à petit (imprimerie, édition, librairie), c’est le commencement de l’automatisation du métier du livre.
Avec l’arrivée des lois Guizot et lois Ferry début des années 1930 et 1980, l’édition scolaire se développe à grande vitesse. Les maisons d’édition doivent alors pouvoir équiper les écoles et participer au partage de la connaissance. Les catalogues des éditeurs sont alors adaptés à cette nouvelle demande.
3. La naissance de Hachette
En 1830 Louis Hachette publie le Dictionnaire de la langue Française d’Emile littré et obtient des commandes importantes de la part du ministère de l’Instruction publique. C’est ainsi qu’il commence à créer une collection élargie à l’éduction et à la jeunesse.
De son coté, Pierre Larousse mise sur le dialogue avec le corp enseignant mais aussi avec d’autres maisons d’édition qui commencent à voir le jour. On nomme Armand Colin (1870), Vuibert (1876), Hatier et Nathan (1881) par exemple. La mise en place du système scolaire est alors un élément fondamental à la mise en place d’un réseau national de librairies chargées de proposer des livres à la portée du public.
Vient ensuite l’arrivée des professions médicales et juridiques qui fait apparaitre de nouvelles spécialités dans l’édition.
En 1853, Louis Hachette imagine des kiosques de gare à l’image de ceux existant au Royaume-Uni (ancêtre des magasins Relay). Des livres destinés aux voyageurs y sont vendus en petit format. C’est un succès.
4. L’arrivée de nouveaux éditeurs en France
L’arrivée des premiers prix littéraires tel que le Goncourt et du Femina en 1903 et 1904 fait naitre de nouvelles maisons d’édition, aujourd’hui de renoms. On retrouve au premier rang les éditions Hachette, Calmann-Lévy, Plon, Hetzel, Garnier, Flammarion et Fayard auxquels s’ajoutent : Albin Michel (1900) et Grasset (1907), la plupart font aujourd’hui encore parti des principaux éditeurs de France.
Vient ensuite l’arrivée des revues telles que Mercure de France (1890) et La Nouvelle Revue Française (1909) qui donneront naissance aux éditions Mercure et aux éditions Gallimard. Ces maisons d’édition sont rapidement de grands acteurs de l’édition et dominent la littérature tout au long du siècle qui commence.
5. L’impact de la guerre pour les maisons d'édition
Le marché du livre est fortement impacté par l’entre deux guerre et la crise de 1929. Du côté de la distribution du livre Hachette et Larousse se livrent un combat de fer.
On remarque une dynamique du coté de l’édition jeunesse avec l’arrivée de la bibliothèque verte chez Hachette en face on retrouve la collection du « père castor » aux éditions Flammarion.
Durant la seconde guerre mondiale il semblerait que les éditeurs français collaborent avec les autorités allemandes afin de pouvoir continuer à publier des livres. C’est-à-dire que les maisons d’édition françaises suppriment volontairement de leurs catalogues les œuvres qui dérangent l’occupant, ils traduisent également les auteurs allemands, ils écartent les membres juifs de leurs employés etc. Parmi eux on peut nommer les éditions Grasset, les éditions Denoël, et les éditions Bassot.
De leur coté les éditions de Minuit font de la résistance. La libération arrive, hachette reprend le contrôle de la distribution de livres dès 1947.
6. L’après-guerre
Au lendemain de la guerre, Hachette investit dans les messageries du livre et lance avec succès la collection « livre de poche ». Par la suite le leader reprend les journaux et magazines tels que France-soir, Elle, Télé 7 jours etc. Il rachète également de nombreuses maisons d’édition telles que : les éditions Grasset, les éditions Fayard, les éditions Fasquelle, et les éditions Stock.
En 1980, Jean-Luc Lagardère, dont les activités se déploient dans le domaine militaire et aéronautique, devient l’actionnaire de référence du groupe Hachette.
Le groupe fait l’acquisition en 1993 d’Hatier et de ses filiales Didier et Foucher, puis rachète son principal concurrent Vivendi Universal Publishing (VUP). À l’époque, les éditeurs s’alarment du risque de monopole que fait peser cette opération et demandent à la Commission européenne d’intervenir. Hachette perd alors 60% de VUP, ce qui permettra au groupe de conserver notamment Larousse, Dunod, Dalloz, Armand Colin et Nathan.
Aujourd’hui Hachette est le premier groupe éditorial français. Derrière Hachette se trouve le groupe Editis.
Dans la seconde moitié du XXe apparait alors une situation d’oligopole à frange dans le monde de l’édition où les principaux éditeurs français captent l’essentiel des revenus alors qu’une multitude d’éditeurs de taille réduite se partagent le reste du marché. L’édition se trouve confronter à la montée en puissance des financiers. En 2004 le groupe Editis obtient Wendel Investissement qui représentent 60% des activités d’édition du groupe Hachette.
Au-delà des Groupe Hachette et Editis on compte d’autre structure dans cette trajectoire ascendante durant cette période :
- Les éditions Gallimard qui obtiennent les éditions Denoël, La table Ronde, Le mercure de France, Futuropolis, P.O.L et enfin Flammarion en 2012.
- Le groupe Lefebvre-Sarrut
- Media Participations spécialisé dans la bande dessinée
- Les éditions Seuil / la Martinière
- Albin Michel
- Actes Sud
7. L’édition aujourd’hui
A présent, les maisons d’édition ne cessent de se créer, les nouveaux éditeurs à succès se font souvent racheter par les grands groupes d’édition, et les autres éditeurs se voient confrontés à un problème de visibilité. Les auteurs sont souvent perdus dans cette course à l’édition et l’apparition de nouvelles méthodes d’édition telles que l’autoédition ou encore l’édition participative montre que des solutions existent et que le monde de l’édition et du livre ne semble pas s’essouffler.